Gérer les deadlines comme Uber

Et si gérer les deadlines ne consistait pas à deviner la date d’arrivée, mais à rendre le chemin visible

a day ago   •   5 min read

By Daniel Jarjoura

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Chers CTO et tech leaders,

Quasiment tous les CEOs que je rencontre se plaignent d'une façon ou d'une autre de la vitesse de delivery de leur équipe engineering.

Dans le monde en constante évolution du développement logiciel, une réalité demeure : les projets logiciels arrivent quasi systématiquement en retard. Ce phénomène, bien connu mais redoutable, a nourri d’innombrables débats et inspiré diverses approches innovantes pour tenter de résoudre le problème de la gestion des deadlines. Dans tout l’écosystème tech, des petites aux grandes organisations, estimer correctement les délais reste un exercice périlleux, souvent ponctué de dépassements ou de sous-estimations. C’est une danse qui conduit régulièrement à des tensions, au burn-out des équipes et à la déception des parties prenantes. Dans un monde obsédé par l’efficacité et l’agilité, certaines entreprises pionnières comme Basecamp ont même choisi de supprimer complètement les estimations. Mais et si le vrai problème n’était pas tant l’estimation du délai que la manière dont les parties prenantes perçoivent la progression ?

Il y a un peu plus de dix ans, une start-up de la Silicon Valley, Uber, a révolutionné notre perception de l’attente. Avant Uber, pour commander un taxi, il fallait appeler un central et subir une attente incertaine, souvent rallongée par des retards et ponctuée de coups de fil répétés à l’opérateur. Expérience utilisateur : catastrophique. Avec le lancement de son application, Uber n’a pas seulement automatisé la réservation de trajets ; l’entreprise a introduit une fonctionnalité décisive : le suivi de sa course en temps réel. Fini l’attente à l’aveugle ou les interrogations sur l’heure d’arrivée prévue. On peut désormais voir son véhicule (ou son livreur) approcher, rendant l’expérience plus claire, plus rassurante — et surtout beaucoup moins stressante.

Imaginez regarder l’icône représentant votre Uber sur l’écran de votre téléphone, traversant la ville et se rapprochant de vous minute après minute. Ce « principe Uber » a introduit une nouvelle façon d’interpréter le temps d’attente. Au lieu d’un ETA vague et abstrait, vous aviez désormais une progression visuelle en temps réel — une représentation tangible et concrète du processus. Fait intéressant, ce principe trouve un écho dans la théorie de la relativité d’Einstein : la perception du temps peut être subjective, selon le référentiel de l’observateur. Dans le cas d’Uber, l’attente paraît beaucoup moins interminable lorsqu’on peut visualiser la progression en temps réel. La durée d’attente reste identique, mais l’expérience, elle, est transformée de manière radicale.

Nous pouvons ainsi envisager la gestion des deadlines sous un angle nouveau en appliquant ce principe au développement logiciel. Les équipes projet devraient moins se concentrer sur l’estimation de la ligne d’arrivée que sur la démonstration de la progression du projet. Au fond, le développement logiciel consiste à créer de la valeur pour l’utilisateur. La véritable valeur d’un projet ne réside pas dans son achèvement final, mais dans ce qu’il apporte à chaque fonctionnalité livrée. Un simple tableau Kanban illustre déjà ce principe de manière basique : les tâches passent du backlog à la colonne « en cours », puis à la colonne « terminé ». Mais construire un logiciel, c’est avant tout créer de la valeur utilisateur. Un meilleur système de visualisation devrait donc offrir aux parties prenantes une vue plus transparente de l’avancement du programme. Pour exploiter pleinement le « principe Uber », il faut donner aux parties prenantes une vision claire et régulière de la progression du projet.

Des « demo days » réguliers peuvent remplir ce rôle, en permettant aux équipes de présenter leurs dernières fonctionnalités et de montrer comment elles se rapprochent du produit final. Les parties prenantes peuvent également recevoir des rapports de progression réguliers, détaillant le nombre de fonctionnalités terminées, les problèmes en cours de traitement et les retards potentiels. Cela leur permet de suivre l’avancement du développement, de fournir un feedback en temps utile et de s’assurer que le projet reste aligné avec leurs attentes.

Une visibilité et une transparence accrues rendent indéniablement le cheminement du projet vers son achèvement plus concret et moins abstrait pour toutes les parties prenantes. Mais cette méthode comporte aussi ses défis. Plus de transparence signifie aussi que les retards, blocages ou complications deviennent immédiatement visibles pour tous. Cela peut se traduire par une pression accrue sur les équipes projet, qui peuvent avoir le sentiment d’être constamment sous surveillance.

Et pourtant, c’est une bonne chose. Avoir une vision immédiate des problèmes permet aux équipes d’y répondre plus rapidement et plus efficacement. Cela réduit la distance entre l’identification d’un problème et la mise en œuvre d’une solution. Cela favorise une culture de transparence et de confiance, où les difficultés sont discutées ouvertement et traitées sans délai. Cela permet également aux équipes de mettre en valeur leurs capacités de résolution de problèmes, en démontrant leur compétence à surmonter les obstacles. En somme, cela met en lumière la réalité du développement logiciel : ce n’est pas un processus linéaire et fluide, mais un parcours jalonné d’obstacles et d’opportunités d’apprentissage et de progression.

Avec tous ses bénéfices potentiels, il faut garder en tête que le « principe Uber » ne résout pas magiquement le problème de l’estimation. Même si les parties prenantes peuvent visualiser la progression du projet, la question demeure : « quand sera-t-il terminé ? ». C’est une interrogation légitime qui appelle une réponse, une date que les parties prenantes peuvent noter dans leur calendrier. Ainsi, si la visualisation de l’avancement améliore l’engagement et la satisfaction, elle ne remplace pas la nécessité de produire des estimations réfléchies et réalistes.

Ce modèle de gestion des deadlines, inspiré par Uber, offre une manière différente de percevoir et de gérer les calendriers de développement logiciel. Il instaure un environnement où la progression compte plus que l’achèvement, et où le chemin est aussi important que la destination. Il incite les équipes à communiquer ouvertement sur leurs avancées, favorisant une culture de transparence et de confiance. Il invite les parties prenantes à participer au parcours de développement, renforçant leur engagement et leur satisfaction. Surtout, il transforme le développement logiciel : d’une course stressante contre la montre, il devient un processus collaboratif et stimulant, qui valorise la progression et les personnes avant les deadlines.


À tester dès lundi 9h

  • Organiser une démo hebdomadaire de 30 minutes : chaque équipe présente les fonctionnalités livrées et celles en cours, pour donner aux parties prenantes une vision claire de la progression.
  • Mettre en place un dashboard visuel partagé (Kanban, roadmap vivante, ou tableau de progression) accessible à tous, afin que l’avancement soit visible en temps réel, sans avoir à attendre un reporting formel.
  • Créer une boucle de feedback rapide : demandez aux parties prenantes un retour systématique dans les 48h suivant une démo ou une mise en production, pour ajuster le cap sans attendre la fin du projet.

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